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La mort du metteur en scène Jean-Marie Villégier

Le metteur en scène Jean-Marie Villégier est mort le 23 janvier, à Brest (Finistère), à l’âge de 86 ans. Venu tardivement à l’opéra, après s’être spécialisé dans l’exhumation de pièces de théâtre du XVIIe siècle français qu’il estimait injustement oubliées, ce personnage haut en couleur, passionné de Corneille, a connu la consécration, en 1987, avec une production devenue légendaire d’Atys, tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully, dont la direction musicale avait été confiée à William Christie. Référence incontestée de la musique baroque, notamment à la tête de son ensemble Les Arts florissants, le chef français d’origine américaine déclarait, le 24 janvier, sur France Musique, que Jean-Marie Villégier était l’homme qui l’avait le plus « aidé » dans son cheminement musical et que chacune de leur collaboration, de Lully à Charpentier, en passant par Rameau, avait été une « révélation ». Un compliment à la mesure du paradoxe qu’incarnait Villégier, lui qui s’était fait un nom dans la mise en scène sans être passé par une école de théâtre ni même avoir effectué d’études littéraires.
Jean-Marie Villégier naît le 4 juillet 1937 à Orléans (Loiret), mais il grandit à Paris, où il découvre le théâtre pendant la période de l’Occupation, en assistant, entre autres, à une représentation de La vie est un songe, de Pedro Calderon, mis en scène par Charles Dullin, puis, à la Libération, à une présentation, dans les jardins du Trocadéro, du célèbre Horace, de Pierre Corneille, dont il déniche, par hasard, quelques jours plus tard, une édition bon marché.
Bien qu’il sache très vite par cœur quelques vers du premier texte de théâtre en sa possession, l’enfant n’exprime pas le désir de suivre des cours d’art dramatique et se contente du rôle de spectateur, notamment à l’Athénée, où il ne rate aucune apparition de Louis Jouvet. Ce n’est qu’au lycée Buffon, alors qu’il est en classe de 4e, que le théâtre se rapproche de lui par l’entremise d’un professeur de français, qui offre à ses élèves la possibilité d’interpréter quelques scènes de leur choix. Jean-Marie Villégier et son condisciple Laurent Terzieff (1935-2010) optent pour un extrait du Misanthrope, de Molière.
Jean Vilar, nommé au Théâtre national populaire (TNP) en 1951, devient dans le même temps son idole, mais le jeune homme sera également fasciné par la compagnie Renaud-Barrault. Toutefois, le théâtre n’est encore rien de plus pour lui qu’un élément de culture. Ses études, au lycée Louis-le-Grand, puis à l’Ecole normale supérieure, le conduisent à l’agrégation de philosophie, obtenue en 1963. Après avoir enseigné dans des lycées à Dijon et à Melun, Jean-Marie Villégier devient assistant à l’université de Nancy en 1965, où il assure pendant deux ans la direction du Centre universitaire international de formation et de recherche dramatique, créé à l’initiative de Jack Lang, fondateur du festival de théâtre de la ville lorraine.
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